Les bienfaits du poivre noir
Originaire de l'Inde, le poivre noir est le fruit du poivrier, une liane ligneuse poussant dans les zones équatoriales humides avec peu de variations saisonnières. Le poivre noir est riche en pipérine.
Le poivre noir est le fruit du poivrier Piper nigrum L., une liane grimpante originaire des sous-bois tropicaux. Ces petites baies sont l’une des épices les plus utilisées dans le monde. Il est également employé depuis des siècles en médecine traditionnelle du, notamment, à la présence d’un composé biologiquement actif, la pipérine. Cet alcaloïde est réputé, entre autres, pour sa capacité à augmenter l’assimilation du curcuma et pour ses propriétés antioxydantes.
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- Définition
- L'histoire
- Apparence et composition
- Quels sont les bienfaits du poivre noir ?
- Existe t-il des effets indésirables ?
Définition du poivre noir
Le poivre noir, du nom scientifique Piper nigrum Linnaeus est une épice obtenue des baies du poivrier, une plante prenant l’apparence d’une liane tropicale appartenant à la famille des Pipéracées. Il est originaire d’Asie du Sud-Est (fort probablement de la côte ouest de l’Inde dans la région du Kerala). Les grains sont les parties les plus exploitées de la plante. Ils sont récoltés juste avant d’arriver à maturité (et de devenir de couleur rouge) et sont mis à fermenter et à sécher. Il est utilisé en tant qu’épice alimentaire pour sa saveur piquante et aromatique, pour son pouvoir conservateur et exhausteur de goût et également en médecine traditionnelle.
Il contient une molécule biochimiquement active « la pipérine » qui fait partie de la famille des alcaloïdes. Elle est à l’origine de l’aspect gustatif piquant et est connue pour posséder de nombreuses propriétés.
Histoire du poivre noir
L’utilisation du poivre noir1 est très ancienne, il était mentionné dans le Papyrus d’Ebers, un des plus anciens traités médicaux datant du 16ème siècle avant JC. Au moyen age, il était très convoité et estimé car il était utilisé comme monnaie d’échange. Les commerçants de l’époque le surnommaient « or noir ». C’est aujourd’hui l’épice faisant partie des ingrédients les plus populaires en cuisine et la plus largement utilisée au monde qui lui vaut son nom de « roi des épices » [2]. Il est produit principalement dans trois pays : le Vietnam, suivi de l’Indonésie et de l’Inde.
La pipérine a été isolée pour la première fois en 1819 par le chimiste néérlendais Hans Christian Orsted. On retrouve également cette molécule dans un champignon appelé Bolet poivré. C’est elle qui est responsable de la sensation de pseudo-chaleur, elle se situe à 100 000 SHU (Unité thermique de Scoville) sur l’échelle de Scoville (en comparaison la capsaïcine issue du piment est à 15 000 000 SHU).
Apparence du poivre noir
Il existe environ 700 espèces de poivre dans le monde du genre Piper. Si plusieurs espèces sont aujourd’hui domestiquées, une seule d’entre elles, le Piper nigrum, représente la majorité de la production [3].
Le poivrier se présente sous la forme d’une liane pouvant atteindre jusqu’à dix mètres de hauteur. Les feuilles sont allongées et luisantes. La plante présente des inflorescences semblables à un épi constitué de 20 à 50 fleurs. Elles donneront naissance à de petites baies, rondes et faiblement charnues, appelées drupes. De ces baies seront extrait les grains. Les baies en grappes sont cueillies à différentes maturités, en fonction de la couleur de leur enveloppe et de leur utilisation :
- De couleur verte, immatures, pour le poivre vert ou la fabrication d’huile essentielle
- De couleur jaune-orange, presque matures, pour le poivre noir (après déshydratation)
- De couleur rouge, matures, pour le poivre rouge
- De couleurs rouge foncé, sur-matures, pour le poivre blanc et gris (qui donneront lieu aux moutures)
Quels sont les bienfaits du poivre noir ?
Plusieurs études ont montré que la consommation concomitante de pipérine, issue du poivre noir, avec la curcumine permet de multiplier par 20 à 30 sa biodisponibilité. La curcumine est un composé bioactif, de la famille des curcuminoïdes, issu du rhizome (ou racine) du curcuma longa (ressemblant à la racine de gingembre) très utilisé en tant que complément alimentaire. En effet, elle permettrait d’augmenter l’absorption intestinale de la curcumine et limiterait sa dégradation par le foie. Ainsi, des comprimés ou gélules contenant 300 mg de curcumine associé à de la pipérine serait l’équivalent de 6 grammes de curcumine en prise seule (avec un facteur multiplicatif de biodisponibilité de 20) [4].
Des études ont montré que la pipérine stimulerait l’activité des cellules recouvrant les parois de l’intestin et permettrait une meilleure performance de l’absorption des oligo-éléments, vitamines et minéraux. Ainsi, il a été montré, qu’elle renforcerait l’intégrité de la barrière intestinale [5], ce qui est indispensable au maintien de l’immunité et à l’assimilation des nutriments. De plus, le poivre est source de vitamines comme la vitamine B, C et K et de minéraux tel que le fer, magnésium, phosphore et potassium.
Plusieurs études ont été réalisées et ont montré un effet ciblé de la pipérine. Elle agirait notamment dans le cas de cellules touchées par de l’arthrose (troubles des articulations entrainant des douleurs articulaires) [6]. En cure, elle permettrait également une diminution des douleurs ressenties [7].
Des études menées en laboratoire ont montré l’effet protecteur de la piperine sur les dommages liés au stress oxydant, en neutralisant, entre autres, les radicaux libres responsables de ce dernier. Elle aurait également un effet bénéfique sur les enzymes au pouvoir antioxydant, augmentant ainsi notre protection contre l’oxydation et contre le vieillissement cellulaire prématuré [1].
Très tonique, consommé vert ou noir il serait également un stimulant digestif. Il serait ainsi une aide à la digestion, en augmentant la sécrétion du suc pancréatique, permettant à notre organisme de digérer aisément les corps gras et de diminuer le temps de transit des aliments [1].
Existe-t-il des effets indésirables ?
Bien que la pipérine soit l’une des molécules responsables de la sensation piquante du poivre, sa consommation est historique et sans danger. Les experts en toxicologie considèrent que la consommation d’une dose journalière de 13 mg en plus de l’apport par l’alimentation ne présente pas de contre-indications ne pose pas de problème de santé [8]. Ainsi pris aux doses recommandées, contrairement à certaines épices, il n’aura pas d’effet irritant sur l’intestin.
Comme c’est le cas en association avec le curcuma, la pipérine augmente transitoirement la biodisponibilité de certains médicaments. Par précaution, notamment pour les médicaments métabolisés par le cytochrome P450 CYP3A4 (voir la notice d’information du médicament), il est conseillé d’espacer la prise de quelques heures la prise de poivre de celles de ces médicaments [9].
RÉFÉRENCES
- Srinivasan, K., Black pepper and its pungent principle-piperine: a review of diverse physiological effects. Crit Rev Food Sci Nutr, 2007. 47 (8) : p. 735-48.
- Mamatha, B.S., Prakash, M., Nagarajan, S., & Bhat, K. K., Evaluation of the flavor quality of pepper (piper nigrum L.) cultivars by GC-MS, electronic nose and sensory analysis techniques. . Journal of Sensory Studies, 2008. 23 (4), 498-513.
- Sumathykutty, M.A., Rao, J. M., Padmakumari, K. P., & Narayanan, C. S., Essential oil constituents of some Piper species. Flavour and Fragrance Journal, 1999. 14 (5), 279-282.
- Shoba, G., et al., Influence of piperine on the pharmacokinetics of curcumin in animals and human volunteers. Planta Med, 1998. 64 (4): p. 353-6.
- Jensen-Jarolim, E., et al., Hot spices influence permeability of human intestinal epithelial monolayers. J Nutr, 1998. 128 (3): p. 577-81.
- Ying, X., et al., Piperine inhibits IL-β induced expression of inflammatory mediators in human osteoarthritis chondrocyte. Int Immunopharmacol, 2013. 17 (2): p. 293-9.
- Bang, J.S., et al., Anti-inflammatory and antiarthritic effects of piperine in human interleukin 1beta-stimulated fibroblast-like synoviocytes and in rat arthritis models. Arthritis Res Ther, 2009. 11 (2): p. R49.
- FDA, Piperine derived from the fruits of Piper. GRAS Notice 000474, 2003.
- Rezaee, M.M., et al., The effect of piperine on midazolam plasma concentration in healthy volunteers, a research on the CYP3A-involving metabolism. Daru, 2014. 22 (1): p. 8.