Les bienfaits de la passiflore
Originaire du sud des Etats-Unis, la passiflore est une plante grimpante aux fleurs spectaculaires. La passiflore est riche en composés phénoliques et en minéraux dont le potassium, le calcium et le magnésium.
La passiflore, Passiflora incarnata L., est une plante grimpante originaire des régions tropicales d’Amérique du Sud, aux fleurs assez spectaculaires et uniques. Traditionnellement utilisée par les Aztèques, elle entre dans la composition de nombreux compléments alimentaires connus pour soulager les troubles du sommeil et de l’anxiété. Ce sont ses feuilles et fleurs séchées qui sont couramment utilisées. D’où vient-elle ? Quels sont ses propriétés et bénéfices ? Présente-elle des risques ?
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Définition
La passiflore, Passiflora incarnata L, aussi connue sous le nom de « fleur de la passion », ou encore « liane officinale », est une plante grimpante de la famille des Passifloraceae. Il ne faut pas la confondre avec les autres espèces tel que la grenadille, Passiflora edulis, qui donne le fruit de la passion ou maracudja ou encore la passiflore bleue, Passiflora caerulea, souvent choisit en plante ornementale dans les jardins.
Originaire du Mexique et d’Amérique du Sud, elle est aujourd’hui cultivée en Amérique du Nord et en Europe. En France, elle est cultivée dans les zones méditerranéennes. La passiflore officinale est utilisée en phytothérapie dans plusieurs spécialités à base de plantes ou homéopathiques, notamment pour ses propriétés sédatives. La récolte des feuilles et des fleurs s’effectue en fin d’été ; elles sont séchées, pour être utilisées, le plus souvent, en infusion. Elles sont également retrouvées sous forme d’extrait liquide, de teinture mère ou de poudre. Elle est inscrite sur la liste des plantes médicinales utilisées traditionnellement de la Pharmacopée française.
L'histoire
L’utilisation de la passiflore1 pourrait remonter à la période archaïque tardive. Elle était anciennement cultivée par les Aztèques, peuple amérindien d’Amérique du Sud. Les guérisseurs utilisaient l’infusion de passiflore pour calmer les agitations nerveuses. Il l’appliquait également en cataplasme pour soigner les blessures et les ecchymoses. Elle fut ensuite décrite pour la première fois par les missionnaires espagnols au Pérou en 1529. Son nom latin passiflore vient du latin "passi" et "flor", qui signifie « fleur de la passion ». Ce nom a été donné par les jésuites pour faire référence à « la fleur qui incarne la passion ».
Il faut attendre le XIXe siècle pour que la passiflore fasse partie de la Pharmacopée européenne, lorsque les médecins américains reconnaissent, à leur tour, les vertus relaxantes de la plante. Et c’est en 1937 que la passiflore entre dans la Pharmacopée française. A cette période-là, elle était utilisée en bain en cas de nervosité, en application locale ou en infusion.
Apparence et composition
La passiflore possède une tige, pouvant mesurer jusqu’à une dizaine de mètres. Elle est creuse, fine et ligneuse. Ses feuilles, se fixant sur tout support par des vrilles, sont composées de trois lobes longs et dentés et leur dessous est recouvert d’un duvet fin. Ses grandes fleurs solitaires, composées de cinq pétales et cinq sépales, sont surmontées d’une couronne de filaments très fins pourpres ou roses. Elle possède cinq grandes étamines au bout orangé. Le fruit, d’une taille d’environ 4 à 5 cm est une baie de forme allongée à chair jaune.
Les principes actifs sont concentrés dans les parties aériennes de la plante (tiges, feuilles, fleurs et parfois les fruits). Elles sont récoltées en fin d’été. Les principes actifs de la passiflore sont des flavonoïdes (lutéoline, apigénine, orientol, vitexol, saponarol), des bêtacarbolines, ainsi que des composants très minoritaires comme le maltol, l’isomaltol, des glucosides, de la vitamine C, des tanins et, en faible quantité, des alcaloïdes. Les mécanismes d'action de la passiflore sont assez méconnus mais le maltol, présent pourtant en très faible quantité, pourrait être à l'origine en partie de son action sédative et analgésique[2].
Quels sont les bienfaits de la passiflore ?
L’Agence européenne du médicament (EMA) considère comme « traditionnellement établi » l’usage de la passiflore pour « soulager les symptômes modérés de stress et les troubles du sommeil qui en découlent ». L’Organisation mondiale de la santé (OMS) quant à elle, considère la passiflore comme « un sédatif léger efficace sur l’agitation nerveuse, les insomnies et l’anxiété ». Elle reconnaît également son efficacité sur les désagréments gastro-intestinaux liés à l’anxiété et mentionne son usage dans le traitement des règles douloureuses, des névralgies et des palpitations d’origine nerveuse.
Les propriétés de la passiflore ont largement été rapportées en médecine traditionnelle et ont été évaluées par des études pharmacologiques précliniques. Bien que ses extraits aient été testés dans de nombreuses expériences, le mécanisme d'action est encore en discussion.
Les actions sédative et anxiolytique bien connues ont été démontrées dans diverses études. Il semblerait que l’extrait de passiflore puisse agir sur le système GABAergique en augmentant la concentration de l'acide gamma-aminobutyrique (GABA). Le GABA est un neurotransmetteur du système nerveux central. Il inhibe l’activité cérébrale et peut donc avoir un effet calmant. Une quantité insuffisante en GABA entraîne donc une agitation intérieure, une anxiété ou des perturbations du sommeil [1, 3].
De plus, des chercheurs ont montré par plusieurs études que la passiflore pouvait favoriser le sommeil. Elle permet d’augmenter considérablement le sommeil profond, de diminuer le sommeil paradoxal et permettrait de s'endormir plus rapidement. Une autre étude a confirmé que la passiflore pouvait augmenter le temps de sommeil. Dans les compléments alimentaires, les extraits de passiflore sont souvent présents, en synergie avec d’autres plantes ayant également un effet sur le sommeil (valériane, eschscholtzia ou houblon) [4].
La passiflore pourrait avoir également un effet bénéfique dans l’accompagnement de la période de la ménopause. En effet, dans une étude réalisée chez des femmes pré-ménopausées, la passiflore aurait significativement diminué les manifestations liées à la ménopause tels que les maux de tête, les troubles de la circulation, l’irritabilité ou les troubles du sommeil [5].
Existe-t-il des effets indésirables ?
A ce jour, aucun effet néfaste6 ou toxicité n’a été rapporté aux doses recommandées, mise à part en cas d’allergie à la passiflore avérée. Les effets indésirables reportés sont rares : nausées, troubles digestifs, vomissements et réactions allergiques.
En raison de son effet sédatif, la passiflore peut être responsable d’une baisse de la vigilance et pourrait altérer la conduite. Toutefois, cette précaution est applicable que pour des doses importantes ingérées. De plus, pour prévenir tout risque d’interactions (effet cumulatif lié à l’usage de plantes ayant un effet sédatif ou de prise de médicaments anxiolytiques ou hypnotiques), l’avis d’un médecin ou d’un pharmacien est recommandé.
En raison d’un manque de données dans la littérature, en vertu du principe de précaution, la passiflore est déconseillée chez les femmes enceintes ou allaitantes ainsi que chez l’enfant de moins de 12 ans.
BIBLIOGRAPHIE
- Miroddi, M., et al., Passiflora incarnata L.: ethnopharmacology, clinical application, safety and evaluation of clinical trials. J Ethnopharmacol, 2013. 150 (3): p. 791-804.
- Soulimani, R., et al., Behavioural effects of Passiflora incarnata L. and its indole alkaloid and flavonoid derivatives and maltol in the mouse. J Ethnopharmacol, 1997. 57 (1): p. 11-20.
- Dhawan, K., S. Kumar, and A. Sharma, Anti-anxiety studies on extracts of Passiflora incarnata Linneaus. J Ethnopharmacol, 2001. 78 (2-3): p. 165-70.
- Guerrero, F.A. and G.M. Medina, Effect of a medicinal plant (Passiflora incarnata L) on sleep. Sleep Sci, 2017. 10 (3): p. 96-100.
- Kim, M., et al., Role Identification of Passiflora Incarnata Linnaeus: A Mini Review. Journal of menopausal medicine, 2017. 23 (3): p. 156-159.
- VIDAL, Phytothérapie : Passiflore. 2012.