Les bienfaits du pelargonium
Le pélargonium sidoides renferme dans sa racine des substances capables de soulager les désagréments de la sphère ORL et de stimuler l’immunité.
Le pélargonium (Pelargonium sidoides), également appelé géranium africain ou Umckaloabo, est une plante à usage médicinal traditionnel originaire du sud de l’Afrique. Cette plante a connu récemment un engouement en Europe dans l’accompagnement des infections respiratoires hivernales, du fait de sa capacité présumée à stimuler les défenses immunitaires. D’où vient cette plante ? Quels sont les principes actifs identifiés ? Une efficacité a-t-elle été démontrée ? Existe-t-il des précautions d’emploi ?
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- Définition du pélargonium
- Quelle est l'histoire du pélargonium ?
- Apparence et composition
- Quels sont les bienfaits du pélargonium ?
- Existe t-il des effets indésirables ?
Définition du pélargonium
Pelargonium sidoides DC. est l'une des espèces géophytes utilisées traditionnellement pour ses propriétés médicinales en Afrique du Sud. Les plantes géophytes possèdent des organes souterrains leur permettant de survivre à l’hiver, enfouis dans le sol (comme les jacinthes). Ces géranium, souvent appelées « rabas » par le peuple Khoïkhoï, ont été parmi les premières espèces à être répertoriées par les explorateurs tels que van der Stel (1685) et Thunberg (1773). Utilisé en Europe dès la fin du 19ème siècle dans la lutte contre la tuberculose, avant d’être remplacé par les antibiotiques, le pélargonium ressurgit à la fin du 20ème siècle suite à la publication d’études montrant son intérêt dans la lutte contre les infections respiratoires hivernales.
Histoire du pélargonium
Parmi les 35 plantes médicinales indigènes répertoriées en Afrique du sud au cours de la période 1650-1800, six appartenaient au genre Pelargonium, utilisées principalement pour leurs racines astringentes. Durant sa visite au Cap en 1773, C.P. Thunberg écrivit que plusieurs espèces de géranium, présentant des racines rouges pulpeuses, poussaient à l’état sauvage dans le sable des plaines environnantes.
Les populations indigènes utilisaient traditionnellement des décoctions de racines de pélargonium dans de multiples situations : diarrhées, coliques, troubles gastriques ou hépatiques, toux, troubles menstruels, etc. La poudre de racine réhydratée est également utilisée pour réaliser des masques faciaux en cas de boutons cutanés. Le pélargonium est également utilisé pour divers usages vétérinaires.
Pelargonium sidoides est une plante originaire d’Afrique du Sud (province du Cap oriental) et du Lesotho (hauts plateaux). Elle s’est adaptée à une large gamme d’altitude, poussant aussi bien au niveau de la mer jusqu’à des hauteurs de plus de 2700 mètres. La plante est la plupart du temps récoltée à l’état sauvage et préparée sur place dans la province du Cap oriental. La culture de P.sidoides a débuté au début des années 2000 et permet de répondre à la demande croissante en matière première, qui mettait en danger la préservation de l’espèce. Les premières études montrent que les teneurs en principes actifs des racines de pélargonium cultivés sont comparables à celles des plants sauvages.
Le pélargonium a été importé pour la première fois en Europe à la fin du 19ème siècle, suite à la découverte de possibles propriétés anti-tuberculiniques ; la commercialisation de préparation de pélargonium étant attestée en Grande-Bretagne dès 1897, souvent sous le nom d’Umckaloabo. Cependant, l’usage de cette plante tombe en désuétude suite à la découverte des antibiotiques. Depuis les années 2000, le pélargonium a connu un regain d’intérêt, en Europe de l’Est, de la part du corps médical, suite à la publication de nombreuses études cliniques réalisées chez l’adulte et l’enfant.
Apparence et composition [1-3]
Pelargonium sidoides est appelé géranium africain du fait de sa ressemblance avec les géraniums que l’on rencontre dans nos jardins, bien que les botanistes aient précisé depuis le 18ème siècle qu’il s’agissait du genre Pelargonium. Il présente des feuilles vertes, duveteuses et plus ou moins arrondies, ainsi que de fines fleurs pourpres. Il est possible de le trouver en jardinerie.
Ce sont les racines qui constituent la base des extraits de pélargonium. Ces racines, de couleur rouge à l’intérieur, sont séchées et broyées. Elles sont particulièrement riches en proanthocyanidines simples ou complexes, en particulier des prodelphinidines (environ 40% des extraits hydroalcooliques de P.sidoides). La seconde famille de molécules d’intérêts, que l’on a identifié dans les extraits de racines de Pelargonium sidoides, sont les coumarines (environ 2%), dont l’umckaline représente environ 40% de ces molécules. Les racines sont également riches en minéraux, en peptides, en glucides et en divers dérivés phénoliques. D’autres molécules n’ont été identifiées que très récemment et pourraient porter en partie certaines des propriétés connues du pélargonium.
Quels sont les bienfaits du pélargonium ? [1, 2]
La majorité des études réalisées avec le pélargonium ont utilisé des extraits hydroalcooliques de racines. Plusieurs études in vitro ont pu identifier certaines propriétés de ces extraits, ou de molécules issues de ces extraits. Cependant, le mode d’action précis du pélargonium reste encore très incertain, comme c’est le cas de très nombreuses plantes. En effet, les extraits de pélargonium contiennent de nombreux principes actifs, regroupés en cinq grandes familles de molécules (proanthocyanidines, coumarines, minéraux, peptides et dérivés phénoliques). Les synergies et antagonismes possibles entre ces principes actifs rend complexe l’identification d’un mode d’action précis.
Globalement, les études plus poussées ont montré que les extraits de pélargonium agissent principalement en limitant l’invasion des virus et bactéries pathogènes, ainsi qu’en modulant l’activité immunitaire de l’Homme. Quelques études ont également identifié des propriétés mucolytiques et expectorantes, qui peuvent aider à fluidifier les sécrétions pulmonaires et facilitent leur élimination.
Au-delà des études in vitro, qui apportent des éléments de réponses concernant le mode d’action de pélargonium, un grand nombre d’études cliniques (réalisées chez l’Homme) ont montré les bienfaits du pélargonium dans la gestion des rhumes et autres infections respiratoires hivernales. Touchant chaque hiver plusieurs millions de Français, en particulier les enfants, ces infections sont la plupart du temps bénignes. Hormis certaines infections (comme celles induites par des streptocoques de type B) qui doivent être traitées par des antibiotiques, les infections hivernales telles que les angines, rhumes et rhynopharyngites ne nécessitent pas l’utilisation de médicament. Au contraire, l’utilisation trop fréquente des antibiotiques a accentué l’apparition de phénomènes de résistance. Cependant, le coût pour la société des infections hivernales est très élevé, en particulier lié à l’absentéisme. Des vaccins ont été développés pour limiter le risque d’infection par certains virus (grippe ou gastroentérite). Des approches naturelles ont également été recherchées, pouvant limiter la durée ou la sévérité des symptômes.
Plus d’une dizaine d’études cliniques ont été réalisées pour évaluer les bienfaits d’extraits de racines de pélargonium sur la durée ou la sévérité des symptômes associés aux infections hivernales. En 2013, une synthèse de ces études montrent une bonne efficacité des extraits de pélargonium, supérieure à un placebo [4]. Les doses journalières testées vont de 30 à 90 mg d’extrait sec, sous forme de comprimés ou de gouttes, consommés en 3 prises durant 7 à 15 jours, dès l’apparition des premiers symptômes respiratoires. Les bienfaits était identiques pour les doses journalières de 60 et 90 mg, et supérieure à celle de la dose de 30 mg.
Existe-t-il des effets indésirables ?[1-3]
Toutes les recherches cliniques effectuées à ce jour montrent que la consommation d’extrait de racines de pélargonium est sûre. Des études de toxicologie ont été menées et ne montrent aucun effet toxique des extraits. Les nombreuses études cliniques publiées, ayant inclus plus de 9000 adultes et 3000 enfants, n’ont également rapporté aucun effet indésirable grave.
Certaines coumarines, que l’on retrouve dans de nombreuses plantes, peuvent présenter des effets hépatotoxiques. Or, aucun signe d’hépatotoxicité n’a été mis en évidence lors des essais cliniques réalisés avec des extraits de racine de pélargonium, contenant naturellement des coumarines. Cela s’explique par la spécificité des coumarines présentes dans la racine de pélargonium (des dérivés de 7-hydroxycoumarine, qui ne présentent pas d’hépatotoxicité).
Des troubles digestifs légers ont été observés suite à la consommation de pélargonium à haute dose (supérieure ou égale à 90 mg par jour). Ils seraient liés à la présence de tanins. Il est donc conseillé d’utiliser des doses journalières de 30 à 60 mg, d’autant plus qu’aucune efficacité supérieure n’a été mise en évidence lorsque les doses étaient supérieures.
Aucune contre-indication ou interaction médicamenteuse n’a été rapportée à ce jour.
La prise de pélargonium est déconseillée aux personnes allergiques à cette plante. Par ailleurs, par manque de données chez ces populations, la consommation de pélargonium est déconseillée aux femmes enceintes et allaitantes.
Bibliographie
- Moyo, M. and J. Van Staden, Medicinal properties and conservation of Pelargonium sidoides DC. J Ethnopharmacol, 2014. 152(2): p. 243-55. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24463034/
- Brendler, T. and B.E. van Wyk, A historical, scientific and commercial perspective on the medicinal use of Pelargonium sidoides (Geraniaceae). J Ethnopharmacol, 2008. 119(3): p. 420-33. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18725280/
- EMA, Assessment report on Pelargonium sidoides DC and/or Pelargonium reniforme Curt., radix. EMA/HMPC/444251/2015, 2018. https://www.ema.europa.eu/en/documents/herbal-report/final-assessment-report-pelargonium-sidoides-dc/pelargonium-reniforme-curt-radix-revision-1_en.pdf
- Timmer, A., et al., Pelargonium sidoides extract for treating acute respiratory tract infections. Cochrane Database Syst Rev, 2013(10): p. CD006323. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24146345/