Les bienfaits des probiotiques
Les probiotiques et les ferments lactiques sont des micro-organismes vivants naturellement présents dans l’organisme.
Les ferments lactiques, aussi appelés probiotiques, sont des micro-organismes consommés depuis la nuit des temps à travers certains aliments fermentés (yaourt, fromage, choucroute, etc.). Utilisés historiquement dans le but d’améliorer la conservation de ces aliments (lait, choux, viande), les recherches en nutrition ont permis de découvrir leur rôle clé dans l’équilibre intestinal, immunitaire et, plus récemment, cérébral.
Cet impact positif sur le fonctionnement de l’organisme leur confère le nom de « probiotiques », littéralement « pour la vie ».
- Définition d'un probiotique et d'un ferment lactique
- L'histoire des probiotiques ?
- Où trouver les probiotiques ?
- Quels sont les bienfaits des probiotiques ?
- Existe t-il des effets indésirables ?
Définition d'un probiotique et d'un ferment lactique
Un ferment lactique est une bactérie qui produit de l’acide lactique suite à un processus appelé fermentation. Cette fermentation se produit en l'absence d’oxygène car l’oxygène est toxique pour ces bactéries. Pour réaliser cette fermentation, les ferments lactiques ont besoin de sucres (lactose, fibres solubles, etc.), qui sont transformés notamment en acide lactique.
Les probiotiques sont des micro-organismes, généralement des ferments lactiques, apportés par l’alimentation qui interagissent positivement avec l’organisme.
Tous les ferments lactiques ne sont pas des probiotiques. En effet, afin d’être pleinement efficaces, les probiotiques doivent parvenir vivants dans l’intestin et interagir avec l’écosystème intestinal (muqueuse, microbiote et cellules immunitaires). Pour cela, les probiotiques doivent répondre à plusieurs critères :
- Stabilité : avant d’être ingérés, les probiotiques sont stockés dans l’aliment ou le complément alimentaire plusieurs semaines ou mois. Les probiotiques doivent pouvoir rester vivants tout au long de la durée de conservation. Ce critère peut être mesuré par des études de stabilité.
- Gastro-résistance : comme tout aliment ingéré, les probiotiques vont être soumis à l’acidité de l’estomac et à une dégradation par les sels biliaires et les sucs digestifs. Une bactérie probiotique doit être capable de survivre à ces étapes de digestion. Cette gastro-résistance peut être démontrée grâce à des études de survie.
- Interaction avec l’intestin : les bénéfices des probiotiques passent nécessairement par une modification du fonctionnement de la muqueuse intestinale et/ou du microbiote qu’elle abrite. Des études in vitro et in vivo sont réalisées pour le démontrer.
Les bactéries probiotiques appartiennent à seulement quelques familles (appelées « genre ») dont les plus importantes portent les noms latins de Bifidobacterium, Lactobacillus, Lactococcus et Streptococcus. Au sein de ces grandes familles, à la suite des recherches réalisées, certaines souches ont été sélectionnées du fait de leur capacité de survie dans l’intestin et des interactions fortes qu’elles peuvent développer avec ce dernier. Parmi les plus étudiées, nous retrouvons :
- Lactobacillus delbrueckii subsp. bulgaricus et Streptococcus thermophilus, les deux espèces de bactéries responsables de la transformation du lait en yaourt. Ces deux espèces sont celles qui ont permis de découvrir l’existence de bactéries bénéfiques pour l’organisme au début du XXème siècle.
- Lactobacillus acidophilus
- Lactobacillus rhamnosus subsp. GG
- Lactobacillus helveticus
- Lactobacillus plantarum
- Bifidobacterium animalis subsp. lactis Bifidobacterium infantis, isolée pour la première fois chez les nouveau-nés
- Bifidobacterium bifidum
L'histoire des probiotiques
Historiquement, les premiers documents suggérant des effets bénéfiques des probiotiques remontent entre le 16ème et le 12ème avant JC, associant une longévité augmentée à la consommation quotidienne de produits laitiers fermentés. Il s’avère toutefois que la découverte des bactéries elles-même est récente et celle de leurs bénéfices, encore plus récente.
L’existence des microbes a été appréhendée de manière approximative depuis des millénaires à travers la théorie des « miasmes », vapeur ou brouillard toxique rempli de particules issues de la matière décomposée, qui causaient des maladies. Cette théorie s’est révélée erronée, bien que proche de la réalité, et l’on retiendra le rôle décisif de Pasteur dans la découverte des microbes, causes de certaines maladies. Les bactéries ont donc longtemps été associées à un rôle néfaste pour la santé, association encore très présente dans nos esprits aujourd’hui.
La notion de probiotiques (« bonnes bactéries ») a été introduite par Metchnikoff, un bactériologiste et immunologiste russe, prix Nobel en 1908 pour sa découverte de la défense immunitaire par les phagocytes. Selon lui, de « bonnes bactéries », notamment présentes dans le yaourt, empêcheraient les bactéries putréfiantes de se développer sur les aliments non digérés. De nombreuses recherches ont permis progressivement d’affiner son intuition. Il a fallu attendre 2001 pour que l’OMS donne une définition officielle des probiotiques : « des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent des effets positifs sur la santé, au-delà des effets nutritionnels traditionnels ».
Où trouver les probiotiques ?
Les ferments lactiques se trouvent principalement dans deux types d’environnement : les aliments fermentés et le microbiote intestinal de l’Homme et de nombreux animaux. Les aliments fermentés les plus connus en France sont le yaourt, le kefir, la choucroute, les cornichons en saumure et le levain. De nombreuses autres spécialités culinaires dans le monde sont riches en ferments lactiques, notamment en Asie (Chine, Japon, Corée).
Les ferments lactiques composent naturellement une partie significative du microbiote intestinal : on comptabilise généralement plusieurs milliers de milliards de ferments lactiques dans l’intestin de l’Homme. Les lactobacilles (Lactobacillus) sont des bactéries en forme de bacille (bâtonnet), présentes dans la flore intestinale. Ces bactéries sont anaérobies facultatives, c’est-à-dire que la présence d'oxygène en petite quantité est préférable pour leur développement mais non obligatoire. Ces ferments lactiques possèdent également la capacité de se développer en l’absence totale d’oxygène. On retrouve donc ces ferments lactiques essentiellement au niveau de l’intestin grêle et du côlon. Les bifidobactéries (Bifidobacterium) sont des bactéries à la morphologie variée : en forme de bacilles (bâtonnets) avec ou sans ramifications. Bifidobacterium bifidum et Bifidobacterium longum sont naturellement présentes dans la flore intestinale. Quant à la souche Bifidobacterium longum ssp. infantis, elle colonise naturellement le tube digestif des enfants. Ces bactéries sont anaérobies strictes, c’est-à-dire que la présence d'oxygène est létale pour ces bactéries. On les retrouve essentiellement au niveau du côlon. Les souches Streptococcus thermophilusLactococcus lactis sont des bactéries appartenant à la famille des streptocoques. Elles se présentent sous forme de coques rondes formant des paires ou des chaînes courtes. On les retrouve, tout comme les lactobacilles, essentiellement au niveau de l’intestin grêle et du côlon.
Quels sont les bienfaits des probiotiques ?
Les ferments lactiques probiotiques possèdent plusieurs propriétés intéressantes :
- Ils forment une barrière dans l’intestin vis-à-vis des micro-organismes indésirables. Cette barrière est à la fois passive et active. Passive, car ils occupent l’espace et consomment les nutriments essentiels à la croissance microbienne. Ils limitent ainsi l’accès à la muqueuse intestinale à des micro-organismes indésirables qui proviendraient de l’extérieur, qui vont être en compétition nutritive avec les probiotiques déjà bien implantés. Active, car les ferments lactiques produisent des substances dites inhibitrices (acide lactique, bactériocine etc.), limitant la survie et la prolifération des bactéries néfastes. C’est ainsi que de nombreuses études cliniques ont montré l’intérêt des probiotiques dans les fonctions de résistance aux agents infectieux [1]
- Ils communiquent avec les cellules intestinales, ce qui permet d’activer les systèmes de défense de la muqueuse : production d’une couche protectrice de mucus, d’anticorps, raffermissement des jonctions entre les cellules… Cela a été démontré par l’étude d’animaux dit axéniques, c’est-à-dire nés et élevés dans un environnement strictement stérile. Les systèmes de défenses cités ci-dessus ne sont pas activés et les animaux sont extrêmement sensibles aux infections.
- Ils participent, avec les autres bactéries du microbiote, à la digestion des résidus alimentaires que nous ne sommes pas capables de digérer, comme les fibres ou, pour certains, le lactose. Cela a plusieurs intérêts : d’une part, cela réduit la quantité de déchets et facilite leur élimination. D’autre part, cette digestion résiduelle produit des nutriments essentiels pour la muqueuse intestinale (ex : butyrate, le carburant essentiel du côlon) et pour l’organisme (ex : vitamine B12). De nombreuses études ont ainsi montré l’intérêt des probiotiques dans le maintien d’un transit harmonieux [2].
- Ils induisent une réaction immunitaire (c’est-à-dire limitée dans le temps) essentielle à la lutte contre les infections. Les probiotiques ont ainsi montré à de nombreuses reprises leur implication dans le maintien et le retour d’un confort intestinal, notamment chez des sujets présentant un syndrome de l’intestin irritable [3]. De même, de nombreuses publications ont montré l’intérêt des probiotiques dans le maintien d’une réaction immunitaire saine, en particulier chez des enfants présentant un risque d’atopie [4].
- Ils peuvent aider à restaurer un microbiote intestinal altéré, suite à la prise d’antibiotiques par exemple. Une réduction des diarrhées associées aux antibiotiques a ainsi été démontrée [5].
Aller plus loin avec notre dossier scientifique "Microbiote et immunité"
Probiotiques : existe t-il des effets indésirables ?
Les centaines d’études réalisées à ce jour chez l’Homme ont montré une excellente tolérance de la consommation de probiotiques, même à très hautes doses. Aucun effet secondaire sérieux n’a été identifié chez des personnes en bonne santé. Chez certains, la prise de probiotiques peut accentuer la production naturelle de gaz dans l’intestin, induisant des troubles digestifs, généralement des ballonnements ou un transit accéléré. Dans la très grande majorité des cas, ces symptômes bénins régressent après quelques jours (maximum 2 semaines).
Par mesure de précaution, la prise de probiotiques nécessite un encadrement médical chez les personnes pouvant avoir des lésions intestinales (chirurgicales ou pathologiques), y compris chez les bébés prématurés. En effet, bien que certains probiotiques aient pu démontrer un intérêt, ils demeurent des micro-organismes vivants qui peuvent pénétrer dans l’organisme si l’intestin est lésé.
La prise de probiotiques est contre-indiquée chez les personnes immuno-déprimées, suite une maladie (lymphome, leucémie, etc.), à une anomalie congénitale ou à la suite d’un traitement (immunosuppresseurs, radiothérapie, etc.)
RÉFÉRENCES
1.Hao, Q., B.R. Dong, and T. Wu, Probiotics for preventing acute upper respiratory tract infections. Cochrane Database Syst Rev, 2015(2): p. CD006895. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25927096
2.Miller, L.E., A.C. Ouwehand, and A. Ibarra, Effects of probiotic-containing products on stool frequency and intestinal transit in constipated adults: systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Annals of gastroenterology, 2017. 30(6): p. 629-639. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29118557 3.Zhang, Y., et al., Effects of probiotic type, dose and treatment duration on irritable bowel syndrome diagnosed by Rome III criteria: a meta-analysis. BMC Gastroenterol, 2016. 16(1): p. 62. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27296254
4.Zhang, G.Q., et al., Probiotics for Prevention of Atopy and Food Hypersensitivity in Early Childhood: A PRISMA-Compliant Systematic Review and Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials. Medicine (Baltimore), 2016. 95(8): p. e2562.
5.Cremonini, F., et al., Meta-analysis: the effect of probiotic administration on antibiotic-associated diarrhoea. Aliment Pharmacol Ther, 2002. 16(8): p. 1461-7. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12182746